Bloub résume (un peu):

... En fait, je me demande si c'est vraiment utile de faire une fiche et de résumer l'Ecume des jours. Je veux dire, la plupart des gens la connaissent, non, cette oeuvre délicieuse (mais dure à apprécier quand on a 12 ans)?

Colin vit avec une souris à moustaches noires, vraiment gentille. Il y a aussi Nicolas, fonction cuisinier, qui essait de lui apprendre à danser le biglemoi, mais ce n'est pas évident. C'est une danse physique, avec des calculs ondulatoires.
Colin a un ami, plusieurs, même. Un couple, Chick et Isis, mais peut être qu'il vaudrait mieux dire Chick et Partre, au final. Colin se désole parce qu'il veut être amoureux, et heureusement, l'amour va lui tomber dessus, tout doucement, comme une plume qui s'appelerait Chloé. Et c'est beau. Et c'est merveilleux. Oui mais après leur mariage, Chloé va se mettre à tousser, et Colin va devoir acheter beaucoup de fleurs. Jusqu'à y perdre tout son argent. Chick aussi va perdre. Il va se perdre dans sa relation avec Isis, mais peut être qu'il vaudrait mieux dire avec Partre, au final. L'écume des jours, c'est une histoire d'amour. Avec un nénuphar méchant, et une obsession névrosée, des fusils qui poussent et des carreaux qui repoussent. C'est beau. Et comme tout ce qui est beau, ça a une fin, et ça donne envie de pleurer.

Extraits.

« Il suça son doigt et l'éleva au-dessus de sa tête. Il le redescendit presque aussitôt. Ca le brûlait comme dans un four.
- Il y aura de l'amour dans l'air, conclut-il. Ca chauffe. »

« Un vieil homme en blouse blanche, les cheveux embroussaillés, lisait un manuel derrière son bureau. (...)
- Vous travaillez depuis longtemps? dit Colin.
- Un an. J'ai vingt-neuf ans.
Il passa une main ridée et tremblante à travers les plis de son visage. »

« - Dépêchons nous de dépasser les pigeons, les moineaux font moins de vent, dit CHloé en se serrant contre Colin.
Il se hâtèrent et sortirent de la zone dangereuse. Le petit nuage ne les avait pas suivis, il s'était acheminé par le raccourci et les attendait déjà à l'autré extrémité.»

Opinion.

Oeuvre incontournable ... du collège. J'étais en quatrième et on me faisait lire du Vian, et je ne comprenais pas. Résultat, presque 10 ans plus tard, je me souvenais vaguement d'une histoire de nénuphar dans un poumon, et encore. Je voulais relire ce livre depuis quelques temps déjà, et m'y suis enfin décidée. Forcément, je ne regrette rien. C'est frais, c'est absurde, et on s'embarque dans un univers décalé, un conte moderne insolent. Il est question d'amour, et d'amour passionnel. De gens qui ne veulent pas travailler, sauf pour gagner de l'argent. De gens qui se déssèchent, de maisons qui se rétrécissent, s'obscurcissent, et de souris à moustaches noires. Le début est délicieux, la fin est amère. Parce qu'on souhaite leur bonheur, à ces personnages tendres, mais que le roman de Vian, tout comme la vie, pointe vers l'inévitable. Une tragédie fleurie et sanglante, qui se devine au fur et à mesure des lignes. Une once d'espoir, vite avalée.
Petite, je disais "mais un nénuphar dans le poumon, mais n'importe quoi, il écrit vraiment n'importe quoi! C'est ça, un grand auteur?"
Oui. C'est ça, un grand auteur, une grande oeuvre. Parce que l'absurde ne l'est finalement pas. La poésie est maîtresse et pourtant, cède la place à une histoire d'amour infini racontée en prose tragique.

Opinion Technique.

Vian a developpé un langage bien à lui. Tout comme Queneau, ou Céline. D'ailleurs, à la fin du livre, le lecteur a droit à un lexique "Vianesque". On passe du familier au langage léger et poétique. Et ça marche.
Les clichés n'en sont plus, dans l'Ecume des Jours, et les critiques de l'église, la société, le travail, la police, sont livrées au travers de portraits de personnages illogiques, méchants, intéressés, gratuits, tout en restant -malheureusement- humains.
Ici, tout est renversé et pourtant naturel. Le malheur est l'invité qu'on a voulu oublier au mariage, alors tout comme une fée amère, il va se venger. Et il se développe vite, inexorablement. Rancunier. La fin est totale, la tragédie, éclatante. Sans ouverture possible.
Mon but n'est pas de faire un commentaire détaillé, alors juste de poser mes opinions, alors je n'évoquerai pas l'aspect musical jazz de l'oeuvre, parce que j'y ai été moins sensible. Peut être -sûrement- parce que je n'y connais rien en jazz. Les allusions musicales sont certes omniprésentes, mais j'ai été plus touchée par le conte que ses références, à proprement parler.

Bref, un chef-d'oeuvre, forcément;

[Dernier mot lu le 3 janvier, vers 16h]

Notation:

01.L'Ecume des Jours, Boris Vian

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