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Bloub et ses lectures

30 avril 2009

Liste

Avertissement.

Ce blog n'est en RIEN un blog d'analyse littéraire. Je me contente d'émettre mes opinions personnelles, les réflexions que m'ont soulevé la lecture des ouvrages, et de les résumer à ma façon, plus ou moins efficace (d'où la présence du "résumé officiel", le quatrième de couverture). Mon but est de donner envie, de faire découvrir, de garder une trace de mes lectures (moi ayant une mémoire malheureusement trop peu fiable). Ainsi, la plupart de mes billets sont composés des parties:
* Bloub résume (un peu) où je résume (quelques fois, en essayant de "copier" le style de l'auteur, exercice ô combien difficile) à ma façon ma lecture, puis
** Résumé Officiel, où je me contente de vous donner le vrai 4ème de couverture
*** Extraits, pour vous donner un aperçu
**** Opinion, où je déballe tout ce que m'a inspiré le livre
***** Opinion technique, où je livre mes impressions quant au style / traduction, etc.
Si vous êtes collégien/lycéen en recherche de commentaire, de fiche, d'idées sur une œuvre, veuillez passer votre chemin et ne pas vous baser sur mes dires.
Pour les autres, bonne lecture !

Bloub.

Dernier ajout: 29 novembre 2009 (billet à venir):  16. Pilgrim, Timothy Findley
15. Du moment que ce n'est pas sexuel, Gudule.
14
. Partir, Tahar Ben Jelloun
13. Le chat qui venait du ciel, Hiraide Takashi.
12. Une histoire de clés, Nathalie Akoun.
11. A Rebours, J-K Huysmans.
10. La Maison du Sommeil, Jonathan Coe.                              
09. Le Mur, Jean Paul Sartre.
08. L'enfance, Nathalie Sarraute.
07. Le Joueur d'Echecs, Stefan Sweig.
06. Le Bâtisseur de Ruines, Clarice Lispector.
05. Le mystère de la Patience, Jostein Gaarder.
04. Clair de Femme, Romain Gary.
03. Mythologies, Roland Barthes.
02. La Vie devant Soi, Romain Gary.
01. L'Ecume des Jours, Boris Vian.

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28 avril 2009

Résurrection?

Du travail, j'en ai. Beaucoup. Sûrement est-ce à cause de ça que j'ai envie de le fuir le plus possible (huez moi) et que la folle envie de ressusciter cet espace de lecture m'a prise. Voilà donc une remise à jour, l'édition des messages et à venir (très irrégulièrement), de nouvelles (improbables) critiques. Tout de suite, sous vos yeux ébahis : Du moment que ce n'est pas sexuel, de Gudule. Puis à venir, la Mécanique du Coeur de Mathias Malzieu (en août 2018, donc) (mais c'est parce que je mets 1h et demie environ à rédiger un billet qu'il y en a si peu souvent. C'est dur de résumer, de retrouver les extraits intéressants, de s'exprimer, ... si si.)

28 avril 2009

15. Du moment que ce n'est pas sexuel, Gudule

du_moment_queBloub résume (un peu)

C'est l'histoire de Nora, une fleur fragile et délicate, et de Charlie, un clown un peu largué. Mais boudiou, ils sont heureux, ces deux-là, sont mignons. A l'abri dans leur serre, loin de la ville, des complications, de la réalité. Une vie de bohème, une vie pleine de bonheur simple, une vie d'amoureux.

Mais voilà, il y a aussi le rêve du clown, qui paradoxalement, les renvoie de plein fouet dans la réalité. Le choc est rude, brutal, et Nora craque, Nora pleure, et Charlie aussi, qu'elle est malheureuse sa petite fleur, hors de question de la laisser dépérir, alors tant pis. Nora se reprend, Nora se revigore, mais voilà, Nora aime Charlie. Et elle l'aime trop. Et Nora n'est pas assez forte pour résister à cet amour. Nora veut qu'il soit heureux, qu'il resplendisse, alors elle va se sacrifier, sacrifier son bonheur, se disant qu'elle l'aime et que ce qui compte, c'est qu'il soit heureux, mais la petite fleur ne résistera pas et ira trop loin dans l'idée obsessionnelle de se sacrifier pour le petit clown. Paris la mangera, la dévastera. A force de vouloir se priver de soleil pour faire pousser les autres, la fleur se fanera, lentement, doucement, gangrenée par un mal insidieux, une maladie contre laquelle elle ne peut plus lutter et l'issue sera tragique, car Paris, incarnation de la vie et ses réalités sombres, est bien trop forte et angoissante pour la fleur, rêveuse et toute frêle.


Résumé officiel.

Nora aime Charlie, Charlie aime Nora. Ce pourrait être la happy end d'un roman, ça n'en est que le début. Car il y a la vie, le regard des autres, le succès, la peur, la culpabilité... A force de vivre d'amour et d'eau fraîche, ils avaient oublié que le monde existe, et qu'il se compose de mille petites choses qui séparent les couples. Fin de la fusion. Charlie se laisse embarquer dans une belle aventure professionnelle, Nora suit  vaille que vaille. Puis elle est distancée et se retire du jeu. Commence alors pour elle une douloureuse errance dans le Paris des parias. Elle réapprend la liberté – antithèse de la passion – et cette liberté , rencontre après rencontre, va la mener tout droit de l'autre côté du miroir.

Extraits.

Dans les rues que le soleil rase et où l'ombre bleue lentement s'insinue, la flânerie est de rigueur. Les passantes trimbalent une sensualité lascive dans leur démarche, le négligé de leur tenue, une épaule nue, l'amorce d'un sein. Une cuisse trahie, l'espace d'un éclair, par la jupe fendue. Des pieds que les chaussures n'emprisonnent plus. Une odeur de peau, sauvage et douce, flotte dans l'air.
- Chouette, hein? Murmure Nora.
- Chouette, approuve Charlie.
Ils s'embrassent, histoire d'être à l'unisson. Et de partager le goût de la bière, en sus.

- Tu fais ça seule?
- Non, avec un copain.
Elle n'a pas dit mon mari. Elle ne l'a pas dit. Pour l'heure, elle le renie: il est la propriété de Boris.

Elle est longiligne, splendide et terrifiante. (…) Elle toise Nora qui rétrécit à mesure, et d'une lèvre violine  en accent circonflexe, lâche:
- C'est quoi, ça?
« Ça » se ratatine encore davantage. Jusqu'à se fondre dans le néant.

Il serait peut être temps de couper le cordon, les p'tit loups! Vous êtes des individus, des in-di-vi-dus! Tu as ton destin, Charlie, et Nora le sien. L'entité bicéphale que je vois devant moi, il n'y a rien de plus négatif, de plus stérile. Chacun freine l'autre dans ses aspiration, de peur d'être lésés. Vous tissez autour de vous un cocon de méfiance, d'indisponibilité, d'interdits – dont celui de vous épanouir pleinement n'est pas le moindre. Et vous tournez le dos à l'avenir.

L'ange a un sourire très doux.
- Elle est pute avant d'être handicapée, tu sais! (...)Eh beh dis donc, t'as un sacré paquets de préjugés, dans ta p'tite caboche, constate l 'ange tristement. Tu fais partie de ceux qui pensent que le plaisir est réservé aux gens beaux, jeunes et en bonne santé, c'est ça?  (…) Tu as entendu parler des peintres du pied?  Des artistes manchots qui domptent leurs orteils au point de les rendre aussi habiles que des doigts, et produisent des oeuvres remarquables? Eh bien Lulu, c'est pareil: sa survie passe par son boulot. Et elle se dérouillera pour l'exercer, quelle que soit sa condition physique.
- Mais toi, toi qui l'aimes, comment peux-tu supporter ça?
- J'en crève... Mais je le foutrai jamais en cage, cet oiseau là, jamais! Surtout s'il ne peut plus voler!


Opinion.

Je ne suis pas sortie indemne de la lecture de ce livre. Nora est belle, Nora est une femme, mais Nora aime, aime trop, aime d'un amour oppressant, étouffant, malade et pourtant innocent, enfantin, absolu. On la suit dans sa descente en enfer, dans ses errances citadines, où les autres sont amis et ennemis à la fois, dangers et refuges. Le monde des parias, le monde des putes et des clodos, des saltimbanques ivres et de la baise nocturne dans les jardins sales, ce monde inconnu qui vit et grouille dans le métro et les troquets minables, nous le découvrons avec Nora, ses yeux d'enfant de la campagne, ses appréhensions et son innocence. C'est l'amour absolu qui la guide dans la capitale, qui dicte sa conduite et la rend incompréhensible aux yeux des autres, les gens normaux, rationnels et professionnels, incarnés par Boris. Lors de la conversation finale avec lui, l'ennemi, l'incarnation de la raison, on se « ratatine » avec elle, parce que nous avons conscience de sa logique illogique, son raisonnement absolu et incroyable: elle aime Charlie, jusqu'à se sacrifier, jusqu'à vouloir disparaître pour lui, pour le laisser libre, cet oiseau là, son oiseau à elle. Elle veut le libérer d'elle, mais est bien trop absolue pour s'y prendre de la bonne façon, et cet absolutisme aboutit à son martyre, inutile et triste car incompris et non reconnu.

Je m'oppose à ce qui est dit dans le 4ème de couverture, lorsque je vois « elle réapprend la liberté ». Non. Certes, Nora est prise dans la passion, elle adore, adule Charlie, mais son errance n'est en aucun cas une reconquête de la liberté. Bien au contraire, elle déambule, sans but, fantôme rural en milieu urbain, perdue dans un monde dénué de douceur et de tendresse, confrontée aux réalités violentes de la rue. C'est elle, certes, qui choisit de partir, de fuir le domicile de sa soeur, de parcourir la ville, c'est elle qui se retrouve à mendier la compagnie des révisionnistes de l'histoire et l'illusion d'une tendresse oubliée dans les bras du cracheur de feu. Mais on ne peut être libre que lorsque l'on est conscient, raisonnable, sûr de soir. Nora ne l'est pas. Elle est au contraire prisonnière, prisonnière de son amour fou qui est  à l'origine de sa fuite, et c'est parce qu'elle ne s'est pas libérée de son emprise qu'elle se perd peu à peu, de plus en plus. Nora n'est pas libre, car son âme et son corps sont dédiés à Charlie, elle n'existe que pour lui, et s'il faut qu'elle disparaisse afin que lui soit libre et qu'il soit heureux, alors elle le fera, de la façon la plus dramatique qu'il soit.

Opinion technique.

Gudule utilise un lexique et un vocabulaire simple, et ses dialogues sont fidèles à ce que l'on pourrait entendre. Pas de négation, des points de suspension pour retranscrire les hésitations et les non dits. Aucune difficulté.

Et la technique de narration est parfaite: 3ème personne, mais on approche plus du récit à la 1ère personne. L'accès aux pensées de Nora et de Charlie est direct, sans transition, et le récit l'est également, limité au possible. Pas de pompeux « Charlie en resta KO », mais plutôt « KO, Charlie ». L'écriture est comme Nora: simple et directe, franche et juste. Les émotions ne sont pas décrites, mais transitent par les raccourcis et les silences, et les pensées désespérées auxquelles le lecteur a accès. Nul besoin d'explication longue et ennuyante sur les raisons qui poussent Nora à fuir. Le ton est juste et touchant, et devient oppressant: trop de simplicité pour décrire la dégradation de l'état de Nora, trop d'innocence dans les phrases, trop de « direct » lorsque la réalité la rattrape. Boris est violent, par sa franchise mais on le comprend: il est normal. Il est comme nous. Sauf que lui n'a pas accès à la logique incertaine de Nora. Alors on ne peut pas lui en vouloir. Sans doute aurions nous les mêmes pensées, les mêmes déductions, et c'est ce qui met mal à l'aise.


Notation:

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28 août 2008

14. Partir, Tahar Ben Jelloun

(Fiche non terminée)

Résumé officiel.
La petite Malika, ouvrière dans une usine du port de Tanger, demanda à son voisin Azel, sans travail, de lui montrer ses diplômes.
- Et toi, lui dit-il, que veux-tu faire plus tard?
- Partir.
- Partir, ce n'est pas un métier !
- Une fois partie, j'aurai un métier.
- Partir où?
- Partir n'importe où, là-bas par exemple.
- L'Espagne?
- Oui, l'Espagne, França, j'y habite déjà en rêve.
- Et tu t'y sens bien?
- Cela dépend des nuits.

Opinion du Bloub.
Partir, c'est ce qu'on souhaite tous au fond de soi, à un moment ou à un autre. Partir d'ici, de cette ville, de cette maison, de ce pays. Partir et recommencer, ou même "commencer", pour certains d'entre nous. Partir et aller affronter de nouvelles difficultés pour nous sentir mieux, plus vivants, plus combattants, partir là où certes ce sera difficile, mais où beaucoup de choses seront alors possibles.
Ce livre est une mise à plat des rêves des gens. 

Notation.
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9 juillet 2008

13. Le chat qui venait du ciel, Hiraide Takashi

                                       Bloub ne résume pas parce que l'officiel est très bien...

chat_qui_venait_du_cielRésumé officiel.
Voici un roman touché par la grâce, celle d'un chat "si petit et si frêle qu'on remarquait tout de suite ses oreilles pointues et mobiles à l'extrême.".
Quand un jeune couple emménage un jour dans le pavillon d'une ancienne demeure japonaise, il ne sait pas encore que sa vie va s'en trouver transformer. Car cette demeure est entourée d'un immense et splendide jardin, et au cœur de ce jardin, il y a u chat. Sa beauté et son mystère semblent l'incarnation même de l'âme du jardin, gagné peu à peu par l'abandon, foisonnant d'oiseaux et d'insectes. Tout le charme infini de ce livre tient dans la relation que l couple va tisser avec ce chat qui se fond ans la végétation exubérante pour surgir inopinément, grimpe av une rapidité fulgurante au sommet de spins gigantesques, frappe à la vitre pour se réconcilier après une brouille. Un charme menacé, cr ce qui éveille en nous la beuté et appelle le bonheur est toujours en sursis;
Hiraide Takashi , qui est avant ot  poète, a insufflé une lumineuse et délicate magie à cette histoire u "chat qui venait du ciel" , son premier roman, largement autobiographique.

Extraits.
"Au fur et à mesure  que, chaque matin, ce geste se répétait, [la libellule] en vint à voler sans hésitation, et restait un long moment installée dans la cascade aérienne. Je tenais d'un livre que le mâle vit en solitaire, recherche le spoints d'eau et possède un terrain d'action assez étendu, et j'ai pensé que ce devait être toujours le même insecte.
"Tu es mon ami" , ai-je failli murmurer, et j'ai joué avec lui jusqu'à ce qu'il finisse par s'envoler. " p50

"Tout en haut, le ventre plaqué contre la moustiquaire comme une salamandre, il tendait le cou pour tenter d'apercevoir sa maison de l'autre côté de la palissafe. Mêùme dans son désarroi, il n'émettait pas le moindre miaulement.  (...) Depuis ce temps-là, nou sappelions cette posture de Chibi "l'appel du pays natal", et il nous est souvent arrivé d'évoquer cette attitude qu'il 'nest pas courant d'observer chez le commun de s chats." p.64

Opinion.
On se situe toujours dans mes achats "impulsifs" de livres et j'avoue que la 4ème de couverture m'a tout simplement ravie et enchantée, c'est pourquoi cette fois je n'ai pas pris la peine de résumer moi même. Cependant, comme je l'avais déjà remarqué, je suis et reste peu sensible à la littérature asiatique. ALors que j'adore la lngue japonaise elle même, les récits,les contes et légedes que j'ai déjà eu l'occasion de lire ne me laissent à chaque fois qu'une vague impression de mélancolie - nostalgie - douceur un peu mièvre. Est-ce dû à la traduction? Car je lis également Kazuo Ishiguro, en anglais, et n'ai pas cette sensation étrange. Bref quoiqu'il en soit, ce livre reste plaisant et j'ai souri quelques fois, car la dépiction du chat, et de la relation qu'il tisse peu à peu avec le couple est touchante. La fin est également très poétique. Cependant, ce n'est pas un chef d'oeuvre non plus, loin de là. Ou peut être que comme ce premier roman est apparemment "largement autobiographique", il reste difficile pour moi, qui ne connais pas du tout H.Takashi, d'apprécier pleinement la saveur de ces anecdotes. Agréable donc, mais sans plus.

Opinion technique.
Aucune difficulté. On note la présence presque obligatoire de mots en japonais, avec des notes explicatives puisque certaines "notions" ne peuvent être traduites correctement (je me demande d'ailleurs si à un moment lorsqu'il parle de destin ou destinée, je ne me souviens plus, le terme d'origine était "Itsuzen" qui allie cette idée de fatalité, de destinée, d'avanée inéluctable vers un objectif dont on est conscient ou pas, et si c'est le cas, une note là aussi aurait été plus appréciable plutôt que la traduction par "destin" tout simplement).
QUelques références aussi aux différentes "ères", une mesure du temps qui diffère au Japon (ils suivent les ères selon le règne de leur empereur malgré l'adoption fort courante de notre calendrier) mais toujours accompagnées de notes.
Ce qui reste "difficile", c'est de bien cerner, peut être, toute l'importance que revêt chaque geste, chaque objet dépeint par l'auteur. La sensibilité des japonais au bois, au jardin, aux mouvements effectués en ouvrant une porte coulissante, est en effet plu sprofonde que ce que peut le penser un occidental et j'ai bien peur que des subtilités ne me soient passées au dessus. Ceci dit, on comrpend l'oeuvre facilement aussi. La fin du livre est intéressante, la magie poétique s'y trouve à son apogée et si le livre ne m'apparait pas comme une oeuvre indispensable, cette fin le rend quand même intéressant.

Notation.
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8 juillet 2008

12. Une histoire de clés, Nathalie Akoun

histoire_cl_sprix_jp007Bloub résume (un peu).
Au premier abord c'est idiot idiot vraiment idiot mais enfin qui songerait à poursuivre une femme en justice parce qu'elle aime ses enfants ses enfants elle les aime au point de ne pas enlever son trousseau de clés de la porte elle leur fait confiance confiance est-ce si difficile si fou si inconcevable que cela et pourtant c'est un geste décisif cette marque d'amour de confiance on ne peut plus désormais croire notre propre chair notre propre sang mais c'est leur faute leur faute à eux les autres oui ces autres c'est leur faute ils n'avaient qu'à pas agir ainsi on veut les protéger nos enfants c'est normal c'est normal on les aime entièrement on veut qu'ils soient heureux protégés libres vivants dans un monde de douceur de bonheur de tendresse d'amour maternel on veut les protéger contre tout contre tous jusqu'à la fin

Résumé officiel.
Une femme se retrouve seule, à élever ses enfants, car son mari s'est enfui du cocon familial. Perdue, dépassée par les évènements de sa propre vie, elle dérape, un jour. Accusée de laxisme pour n'avoir pas fermé à clé la porte de chez elle un soir, elle est jugée responsable des agissement de son fils, sorti durant la nuit. En voulant le défendre corps et âme, elle commet l'irréparable, au nom de l'amour maternel.

Extraits.
"bon d'accord j'étais pas heureuse tous les jours tous les jours mais qui c'est qui est heureux à tous les instants de sa vie" p.17

"c'est pour ça que j'ai tellement d'enfants dès qu'il y en a un qui commence à grandir à s'opposer à moi hop j'en fais un autre mon rêve c'est de pouvoir pousser une poussette toute ma vie et puis quand je pourrai plus quand je pourri plus faire des enfants je veux dire eh bien c'est pas grave ma poussette je m'en servirai poru les courses pour faire els courses" p.21

Opinion.
Bonne. J'ai acheté ce livre par impulsion, (soldes!) la couverture m'attrayant, et j'ai à peine jeté un coup d'oeil au 4ème de couverture. Vu l'épaisseur incroyable du bouquin (45pages) et son prix (1€), je pouvai sme permettre un achat imprévu. Dévoré en quelques minutes, j'ai retrouvé des comportements qui m'effraient au travers de la "logique" de La Femme, et cela m'a fascinée. L'amour maternel, possédant, étouffant, envahissant, dégoulinant, est une chose que je supporte mal, malgré mon affection pour ma mère, et pour une fois je me trouvais de l'autre côté. JE n'étais plus l'ado/jeune fille qui subit cette avalanche de sentiments oppressants (qui partent pourtant d'un but louable, le bonheur de ses enfants), non je me trouvais désormais dans la tête de eux qui le prodiguent et ne se rendent pas compte de leurs abus. Et même s'ils s'en rendent compte, l'impossibilité de reffréner cet élan d'amour quasi obsessionnel m'est apparue plus facile à envisager (même si je ne le comprends véritablement toujours pas).
L'évolution de l'état d'esprit de La Femme est très bien menée, et la fin, rapide, poignante, désespérée.  L'amour maternel peut donc lui aussi rendre aveugle et totalement fou.

Opinion technique.
Surprenant.  C'est donc une pièce de théâtre où il n'y a qu'une actrice, seule sur scène, "La Femme" qui parle, qui monologue, qui se parle, qui nous parle. Le lecteur / spectateur est plongé dans son esprit, et nous lisons avec difficulté cette pièce d'une traite, où aucune ponctuation n'est admise, si ce n'est pour quelques rares didascalies. La Femme pense, d'une traite, même si l'on soupçonne et devine les pauses orales, crées par les répétitions et les indications gestuelles. Le langage est familier, un langage oral mis à l'écrit, le "ne" de négation sont ôtés, et les phrases sont courtes, même si assemblées et fondues dans un ensemble de mots qui se suivent et s'enchaînent.
Structure très intéressante mais fatigante. Ne pas avoir de ponctuation est un exercice fastidieux, et l'avancée dans le texte serait devenue difficile si l'œuvre avait été plus longue (44 pages)

Notation.
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8 juillet 2008

11. A Rebours, J-K Huysmans.

AreboursBloub résume (un peu).
Comment résumer lorsqu'il n'y a rien à résumer?
Les 16 chapitres de A Rebours sont en effet axés sur un seul personnage. Basique jusqu'à présent. Sauf que cet homme, Des Esseintes, fuyant la décadence vulgaire et populaire de la société, affichant un mépris pour les oeuvres trop communes, passant son temps chez lui, enfermé, protégé, à contempler des splendeurs qui n'illuminent que lui, cet homme à la recherche perpétuelle de l'esthétique, de la jouissance spirituelle et artistique, cet homme malade qui demeure chez lui, est juste . Les interactions qu'il a avec d'autres personnages sont rares, quasi inexistantes, et l'action la plus grandiose et palpitante est son voyage avorté jusqu'à Londres. Comme le précise Daniel Grojnowski dans la présentation, A rebours relate "une aventure où rien n'advient" p.6
L'intériorité du personnage prime, et l'on suit avec difficulté parfois ses va-et-vient entre les souvenirs, les passages au discours indirect, le présent, ses interrogations, ses sensations éprouvées en rapport au présent qui le renvoient à l'époque d'autrefois. On perçoit peu à peu l'évolution de sa névrose, cette maladie qui le ratatine sur lui même, le cloitrant de plus en plus chez lui, cherchant à le fermer encore plus à tout ce qui compose l'environnement humain qu'il fuit, même si  sa recherche de l'isolement total sera au final un échec. Résumer A rebours sans sombrer dans l'analyse est difficile, aussi m'en tiendrai-je là.

Résumé officiel
.
"On finira par donner de simples études, sans péripéties ni dénouement" écrivait Emile Zola à propos des Soeurs Vatard de J-K Huysmans. A Rebours exauce les promesses de son titre. Entremêlant au récit dd'une rupture avec le monde réel des contes, des poèmes en prose, des considération intempestives, des pages d'Histoire ou de critiques, il donne l'exemple d'un des "antiromans" les plus remarquables. En même temps qu'il expose les thèses de la décadence, il s'engage dans les voies de l'expérimentation et se tourne vers la vie intérieure - ce qui ne l'empêche pas d'exploiter tous les filons du comique, de la grosse blague à l'humour noir.

Extraits.
."Des Esseintes haussa les éppaules. - Tu n'y es pas; Oh! mais pas du tout, fit-il ; la vérité c'est que je tâche simplement de préparer un assassin. Suis bien, en effet, mon raisonnemnt. Ce garçon est vierge et a atteint l'âge où le sang bouillonne ; il pourrait courir après les fillettes de son quartier, demeurer honnête tout en s'amusant, avoir, en somme, sa petite part du monotone bonheur réservé aux pauvres. Au contraire,en l'amenant ici [maison close], au milieu d'un luxe qu'il ne soupçonnait même pas et qui se gravera forcément dans sa mémoire, en lui offrant, tous les quinze jours, une telle aubaine, il prendra l'habitude de ces jouissances que ses moyens lui interdisant ; admettons qu'il faille trois mois  pour qu'elles lui soient devenues absoluent nécessaires - et, en les espaçant comme je le fais je ne risque pas de le rassasier; - eh bien , au bout de ces trois mois, je supprime la petite rente que je vais te verser d'avance pour cette bonne action, et alors il volera, afin de séjourner ici ; il fera les cent dix neuf coups, pour se  rouler sur ce divan et sous ce gaz!
      En poussant les choses à l'extrême, il tuera, je l'espère, le monsieur qui apparaîtra mal à propos tandis qu'il tentera de forcer son secrétaire ; - alors mon but sera atteint, j'aurai contribué , dans la mesure de mes ressources, à créer un gredin, un ennemi de plus pour cette hideuse société qui nous rançonne.
Les femmes ouvrirent de grands yeux."  p107

"Encore descendu de plusieurs crans, le ciel s'était abaissé jusqu'au ventre des maisons." p167

Opinion

J'ai découvert Huysmans dans un salon de thé aixois. Un ami aux longs cheveux mit une musique d'ambiance, musique que je ne devais jamais réussir à retrouver, puis me fit la lecture. C'était l'année dernière. Nous étions en juillet, le salon était désert, seule résonnait la voix chaude et assurée de S., qui parcourait les premiers chapitres de A Rebours. Ce fut une révélation. Jamais encore je n'avais découvert, même chez mon favori, une telle richesse de mots, de sonorités, une telle exploitation de la langue française. Chaque phrase était un déluge d'images, et je pouvais apercevoir les mots se former devant mes yeux, gravés, enluminés d'or et de fil d'argent. Le langage était précieux, précis, fourni, riche, presque étouffant parfois. Pourtant je n'ai acheté et lu et fini cette oeuvre que cette année, il y a quelques mois. Il était en effet difficile de me reponger dans l'oeuvre. Par sa difficulté d'abord (voir ci dessous), puis parce que mon esprit n'était pas assez libéré de contraintes et contrariétés quotidiennes pour savourer et comprendre les écrits que je tenais entre mes mains. Mais une fois sortie de ma période de flou cérébral, je pus me plonger dans les pages riches et complexes, voguer entre les lignes et découvrir du vocabulaire jusqu'alors insoupçonné. La lecture fut étrange.  J'étais comme aspirée par le livre, du fait de ma relation particulière avec la langue française, j'avais vaguement l'impression que je ne pourrais pas m'en séparer tant que je ne l'aurai pas entièrement fini, appris, assimilé, consommé. Ce livre difficile m'a avalée pendant une journée. L'attraction ressentie en parcourant les lignes était forte et je ne pouvais m'en détacher. Dans ce livre où rien ne se passe, je ressentais paradoxalement une profusion de choses se dérouler en moi. Même si avouons le sans honte, environ 85% des références citées m'échappaient, même si je passai sans doute à côté d'une multiplicité de sous entendus, références implicites, et raisonnements critiques, je lisais, et je me sentais bien.
Cependant, je suis bien consciente que 95% des gens ne pourront jamais finir ce livre, et que l'attraction qu'il a exercée sur moi est tout à fait particulière. Aussi ne le recommanderai-je qu'à très très peu de gens...

Opinion technique.

Complexe, incroyablement complexe. Comme je l'ai déjà dit, il est facile de se laisser assommer par une telle profusion de mots nouveaux ou anciens, de se laisser étourdir par les longues phrases incroyablements lourdes, bourrées d'ajouts, d'appositions, complétées, approfondies, par les interminables paragraphes descriptifs, évoquant une cultures et des références auxquelles nous, pauvres lecteurs, n'avons eu accès:
" Les ouvrages des siècles suivants se clairsemaient dans la bibliothèque de des Esseintes. Le VIème siècle était cependant encore représenté par Fortunat, l'évêque de Poitiers, dont les hymnes et le Vexilla regis, taillés dans la vieille charogne de la langue latine, épicée par les aromates de l'Eglise , le hantaient à certains jours; par Boèce, le vieux Grégoire de Tours et Jornandès ; puis, aux VII et VIII siècle, comme, en sus de la basse latinité des chroniqueurs, des Frédégaires et des Paul Diacre, et des poésies contenues dans l'antiphonaire de Bangor dont il regardait parfois l'hymne alphabétique et monorime, chantée en l'honneur de sint Comgill, la littérature se confinait preque exclusivement dans des biographies de saints, dans la légende du bienheureux Cuthbert, rédigée par Bède le Vénérable sur les notes d'un moine anonyme de Lindisfarn, il se bornait à feuilleter, dans ses moments d'ennuis, l'oeuvre de ces hagiographres et à relirer quelques extraits de la vie de sainte Rusticula et de sainte Radegonde, relatées, l'une par Defensorius, synodite de Ligugé, l'autre, par la modeste et la naïvre Baudovinia  religieuse de Poiters." p.75  (toujours là les lecteurs?)
L'absence d'action à proprement parler est également difficile: à quoi se raccrocher? Doit-on se borner à rester confiné à l'intérieur des murs de cette maison sombre, gardée par un vieil homme névrosé qui se terre dans des splendeurs figées? Oui. Les habitués des "romans", ceux qui cherchent des profusions de bons sentiments, des actions vilains contre gentils, les passionnés d'aventure passeront leur chemin. Il faut être prêt à affronter des Esseintes et à la regarder, de l'extérieur tout comme de l'intérieur, et à ne voir que lui.
Il serait bien trop orgueilleux de ma part de prétendre à une véritable analyse technique aussi m'arrêterai-je là, en précisant que ma notation va être donc maximale, mais que je ne conseille ce livre qu'à vraiment, vraiment peu de gens.


Notation.

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8 juillet 2008

10. La maison du Sommeil, Jonathan Coe.

maison_sommeil_AA240_Bloub résume (un peu)
Peut être dirai-je qu'il s'agit d'une histoire d'amour, sur fond à peine voilé de fanatisme scientifique. Qu'il s'agit d'une histoire à multiples facettes, mettant en scène tant de personnages, mettant à nu tant de destins. Chacun a son histoire, qui se trouve liée à celle des autres. Ici, chaque acte influence le destin de l'autre. La narcolepsie va confirmer la passion presque folle du scientifique, tandis que celle du cinéaste va s'amoindrir en qualité, se morfondre peu à peu dans un blasage fatigué. Au contraire, celle de l'amoureux va s'envoler jusqu'à atteindre l'ultime limite de l'abandon de soi pour l'être aimé. Cette histoire est celle d'adolescents, fragiles, qui vont s'enfermer dans leurs faiblesses ou s'en sortir, à mesure qu'ils pénètrent sur la grande route de la vie. Une fois adultes, que reste t-il de leurs folies d'antan, leur jalousie, leur colère, leurs secrets ?
La maison du sommeil n'est pas un refuge. C'est le lieu principal qui va raviver des douleurs, des souvenirs, et obliger ces jeunes devenus vieux, à renouer avec leurs démons d'adolescents.

Résumé officiel.
De curieux évènements se déroulent à Ashdown, inquiétante demeure perchée sur une falaise des côtes anglaises. Naguère, c'était une résidence universitaire, où se sont croisés Sarah la nostalgique, Gregory le manipulateur, Veronica la passionnée, Robert l'amoureux transi, Terry le cinéphile fou. Leurs destins ont divergé, mais les spectres du passé continuent de hanter Ashdown, devenue une clinique où le sinistre docteur Dudden se livre à de monstrueuse expériences sur les troubles du sommeil.
Par quelles mystérieuses coïncidences tous les personnages vont-ils s'y retrouver? Et quelles transformations vont-ils subir?
Une fresque foisonnante et rigoureuse où l'illusion amoureuse va jusqu'à l'extrême limite de sa réalisation, et où la vérité sort toujours des rêves.

Extraits.
"Quand donc as-tu fait la connaissance intime de mes paupières?" et il répondit: "quand tu étais endormie. J'aiem te regarder quand tu dors." et ce fut pour Sarah le premier présage , le premier indice de la tendance de Grégory à se planter  devant le lit des gens, pour contempler leur sommeil, ce qu'elle considéra d'abord comme le signe intéressant d'une intelligence curieuse, mais elle se mit bientôt à se demander s'il n'y avait pas là quelque chose de sinistre, de presque fétichiste, dans ce désir d'observer un corps inconscient, abandonné, tandis que lui, l'observateur, gardait le plein contrôle de son esprit en éveil. p. 35-36

"Elle avait des rêves... des rêves incroyablement concrets... tellement concrets qu'elle ne pouvait pas faire la différence entre ce qu'elle n'avait rêvé et ce qu'elle avait réellement vécu." p.61

Opinion.
Un livre que j'ai trouvé par hasard et que j'ai dévoré. Les multiples protagonistes sont tous attachants dans leurs excès, et se retrouvent au fil des ans. La structure est particulière, comme le précise l'auteur, "les chapitres impairs de ce roman  se déroulent pour l'essentiel dans les années 1983-1984. Les chapitres pairs se déroulent pendant la deuxième quinzaine de juin 1996". En lisant ces lignes situées en avertissement, j'ai été charmée. Et je n'ai pas été déçue. C'est un livre finalement simple, presque basique, qui suit les destins, les évolutions des protagonistes en parallèle selon une trame bien établie, bien tissée et amenée, et lorsque l'on découvre l'identité du Dr Madison, on s'y attendait, et on est surpris (pour ma part) à la fois. La fin n'est pas grandiose, sauf peut être pour Gregory, mais laisse ainsi la porte ouverte à de multiples possibilités.
Les 450 pages qui composent ce livre se dévorent par curiosité, par enve de savoir, de voir. Il n'y a pas de suspense haletant, angoissant. Juste une inquiétude quant au devenir de ces personnages au final si fragiles.

Opinion technique.
Un peu perturbant. La structure "un chapitre = une époque différnte" n'est pas très difficile à suivre, mais de temps à autre, ue irruption intervient, des extraits de "séance d'analyse", de consultation d'un psychologue, et bein évidemment on ne comprend leur intérêt et leur place qu'à la fin, mais ça peut perturber à la première encontre de cette "analyse". Le livre semble suivre les stades du sommeil, avec une descente toujours plus en profondeur dans l'évolution, la connaissance et le devenir des personnages, et la façon dont ils sont liés tout en passant d'une époque à une autre m'a beaucoup plus (un stade se finit toujours par des points de suspension" et le stade suivant se continue par la reprise de ce silence, de façon très coulée, mais à l'autre époque. Très bien mené.)

Sinon, aucune autre "difficulté technique". A lire, donc.

Notation.

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7 juillet 2008

09. Le Mur, J-P Sartre

Le_murBloub résume (un peu)
Le Mur est une nouvelle. En fait, on trouve dans l'édition Folio Le mur, La Chambre, Erostrate, Intimité et L'Enfance d'un Chef. Des nouvelles tragiques. Comiques. Cyniques. Je n'en résumerai que 3.

.Le Mur.
Nous attendons. Nous lisons et nous attendons, avec le narrateur, prisonnier républicain espagnol,  nous attendons la mort. Nous vivons l'attente, l'angoisse maîtrisée, regardons l'impuissance et la faiblesse des autres. Nous sommes enfermés, dans une cellule, la nuit, entourés d'hommes qui ne sont plus que des ombres, et nous pensons, ou tentons de penser, de comprendre pour ne pas "mourir comme une bête" p.26
C'est la résignation, l'obstination. La haine grandissante des autres "camarades de cellule", eux que l'on voit et qui nous renvoient à ce à quoi nous ressemblons sûrement, en cette dernière nuit.
Sursaut d'ironie, avant d'être transformé en passoire. Et le destin se moque alors aussi de nous. Quelques fois, on a beau être prêt, ce n'est pas encore le moment d'abandonner, malgré tout.

.La Chambre.
Nous sommes enfermés, encore, mais la prison cette fois est plus jolie. plus vicieuse. Plus oppressante. On traite ici de la bourgeoisie, des on-dits non dits, des rapports hypocrites. On parle d'un amour dérangeant, tellement absolu qu'il en devient écœurant. C'est l'enfermement dans le noir. Le noir de la chambre. le noir de l'esprit. C'est la confusion totale, comme si l'obscurité prenait possession de ceux qui la côtoient. Et les autres, les vivants, les normaux, les non-amoureux, qu'ils restent dehors. A la lumière. A la raison.
La chambre. Le cloisonnement. L'esprit. Le cloisonnement. La société. Le cloisonnement. La sortie peut elle être trouvée par nos propres moyens? Ou faudra t-il compter sur une aide extérieure pour nous aider? Pour mourir?

.Erostrate.
Je les déteste. mais oui. Je suis l'exact opposé vulgaire et tragique du meilleur de l'homme, un défenseur acharné de la haine humaniste. J'aime les dominer, les voir s'écraser s'applatir, oh oui, comme j'aime mon balcon. Comme je hais le sol qui me rabaisse à leur niveau.
Je suis supérieur. J'ai une arme. Un revolver. Symbole de ma puissance, je me sens grisé, et prêt à tout. D'ailleurs je vais le faire, ce tout. Ce sera la fin, l'éclatante explosion finale, et je m'en irai victorieux, dans une gerbe de sang. Mon souvenir restera immémorial, je marquerai les pages de l'histoire de l'humanité que je méprise, tout comme Erostrate, emportant avec moi des anonymes stupides dans la mort.
Je vais en tuer six. Ou cinq en fait, laissons une balle pour moi.
Ou bien peut être,peut être, je...?
Résumé officiel.
- Comment s'appellent-ils ces trois-là?
- Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien.
Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste:
- Steinbock... Steinbock... Voilà. Vous êtes condamné à mort.
Vous serez fusillé demain matin.
Il regarda encore:
- Les deux autres aussi, dit-il.
- C'est pas possible, dit Juan. Pas moi.
Le commandant le regarda d'un air étonné...

Extraits.
"Je me levai, je me promenai de long en large et , pour me changer les idées, je me mis à penser à ma vie passée. Une foule de souvenirs me revinrent, pêle-mêle. Il y en avait de bons et de mauvais - ou du moins je les appelais comme ça avant. " p.26 Le Mur.

" -TU sais bien que je t'aime, dit-elle avec sécheresse.
- Je ne te crois pas, dit Pierre. Pourquoi m'aimerais-tu? Je dois te faire horreur: je suis hanté.
Il sourit mais il devint grave tut d'un coup:
- Il y a   un mur entre toi et moi. Je te vois, je te parle, mais tu es de l'autre côté. Qu'est-ce qui nous empêche de nous aimer? Il me semble que c'était plus facile autrefois. A Hambourg.
(...)
Jamais il ne parlait de leur vrai passé. Ni Ève ni lui n'avaient été à Hambourg." p.68. La Chambre.

" Vous serez curieux de savoir, je suppose, ce que peut être un homme qui n'aime pas les hommes. Eh bien, c'est moi, et je les aime si peu que je vais tout l'heure en tuer une demi-douzaine; peut être vous demanderez vous : pourquoi seulement une demi-douzaine? Parce que mon revolver n'a que six cartouches." p.90 Erostrate.

Opinion.
Il y a longtemps que j'ai lu Sartre, tellement que je vais devoir le relire. Des Mots, ou de la Nausée, je n'en ai gardé qu'un vague souvenir (16 ans à l'époque). Reprendre ce recueil de nouvelles m'a fait du bien. C'est rafraîchissant tout en étant incroyablement lourd;
J'ai été profondément enchantée par Erostrate, où ce narrateur pitoyable et pathétique, méprisant et frustré, n'a pas la force d'aller jusqu'au bout, et se laisse porter par ses fantasmes de violence dominatrice. J'ai adoré la colère que ressent le narrateur du Mur envers ses autres compagnons de cellule et lui même, parce qu'à l'approche de la mort, les corps se ratatinent, deviennent gris, sales, se meurent avant l'heure, et finalement, finissent par être "pareils et pires que des miroirs [les uns pour les autres]"  p21.
Nous ne sommes pas dans un ouvrage profondément psychologique. Nous n'avons qu'une ébauche, une description des conséquences des actes humains; et finalement cette description est suffisante pour nous faire prendre conscience d'un ensemble de choses. Nul besoin de longues explications pompeuses.
Intimité est la seule qui m'ait passablement ennuyée.

Opinion technique.
Aucune techniquement. Je veux dire, lire Sartre, c'est pas compliqué. On se trouve à des lieues de la torture de Huysmans. Cependant, lire Sarte tout court, ce serait passer à côté de pas mal de choses. Ainsi, ouvrir un livre ou une nouvelle de lui sans avoir pris connnaissance un minimum de ce qu'est l'existentialisme, par exemple, peut être assez dommageable.
Certes les oeuvres restent compréhensibles. On soupçonne vaguement la réflexion sous jacente. Mais en lisant Erostrate, on pourrait se limiter à "portrait d'un homme faible, ridicule et frustré". La nouvelle va plus loin, bien entendu.
Pas de grandes phrases, de grands monologues, de vocabulaire pompeux, de structures enchâssées et récits évasifs. On est dans la nouvelle sartrienne (un genre qu'il maîtrise mais qu'il n'exploitera plus), et on va droit au but (à peu près).
Il n'y a pas que l'aspect philosophique. Sartre aborde également la montée du fascisme, la guerre d'Espagne, la folie, la démence, la perversion. Il couvre ainsi un large panel de pathologies individuelles, personnelles, mais également les pathologies "générales" , de société qui gangrènent la population au travers d'idéaux tordus, et de conflits politiques dramatiques.
Les nouvelles sont courtes, bien construites, frappantes, et efficaces. Rien à dire d'autre. On aime ou pas, on adhère ou pas à sa conception de l'existence avant l'essence, de dieu n'existe pas et même si, ça e changerait pas grand chose. Et on admire la légèreté d'écriture pour aborder ces problèmes bien plus lourds.

Notation.
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3 juillet 2008

08. L'enfance, Nathalie Sarraute.

 

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Bloub résume (un peu).
Ce livre est à mi chemin entre le journal intime et ses confessions, et la séance d'auto psychanalyse, mais on oublie tout de suite le côté péjoratif de ce terme.
C'est l'histoire de son enfance, de ce dont elle se rappelle. C'est l'histoire de ses déchirements, ses incompréhensions, l'innoncence craintive avec laquelle elle énonçait ses "idées", son impuissance à comprendre leur impact, à saisir les subtilités. C'est l'histoire de sa fascination progressive pour les mots, bien que ce ne soit évoqué que partiellement, et rapidement.
Partagée entre le souvenir fixe de sa mère, dénuée de toute objectivité, l'enfant Sarraute l'admire, et l'adulte Sarraute la reconnait comme distante, éloignée, irresponsable sans jamais l'accuser, sans jamais lui en vouloir. Sa mère adulée, adorée, puis perdue de vue, retrouvée mais alors presque inconnue, finalement. Et pourtant "on a qu'une mère".  Il y a aussi le portrait de son père, cet homme brillant, intelligent, qui se ferme, peu à peu, son pèr et Véra, sa seconde mère, Maman-Véra, mais jamais elle ne pourra l'appeler ainsi, Véra qui oscille entre méchante belle mère et grande figure double, capable d'attention et de froideur.
Sarraute dresse le portrait de ces personnes qui ont composé sa famille lors de son enfance, des portraits faits par touches, par ajouts, portraits impresisonnistes construits et complétés au fur et à mesure des chapitres, au fur et à mesure des souvenirs qui se greffent, des conversations avec elle même.
Le livre s'achève sur un commencement, l'entrée au lycée. La fin de l'enfance. Finalement c'est un livre qui nous permet de découvrir une enfant et nous préparer à la rencontre avec son devenir, son soi adulte, au travers d'autres lectures ultérieures. Un livre pour qu'on puisse la comprendre, mais aussi pour qu'elle puisse mieux se comprendre elle même.

Résumé officiel.

Ce livre est écrity sou sla forme d'un dialogue entre NAthalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l'aide à faire surgir "quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve , de ces épaisseurs (...) ouatées qui se défont et disparaissent avec l'enfance". Enface passée entre PAris, Ivanovo, en Russie, la suisse, Pétersbourg et de nouveau PAris.
Un livre où l'on peut voir se dessiner déjà l futur grand écrivain qui donnera plus tard une oeuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

Extraits.
"Quel malheur!" ... le mot frappe, c'est bien le cas de le dire, de plein fouet. Des lanières qui s'enroulent autour de moi, m'enserrent... Alors c'est ça, cette chose terrible la plus terrible qui soit, qui se révélait au-dehors par des visages bouffis de larmes, des voiles noirs , des gémissements de désespoir... le "malheur" qui ne m'avait jamais approchées, jamais effleurée, s'est abattu sur moi. Cette femme le voit. je susi dedans. Dans le malheur Comme tous ceux qui n'ont pas de mère. p.121

La vague odeur de désinfectant, les escaliers de ciment, les salles de classe entourant une cour sans arbres, leurs hauts murs d'un beige souillé, sans aucun autre ornement que le tabeau noir au fond de l'estrade et une terne carte des département, tout cela dégageait quelque chose qui me donnait dès l'entrée le sentiment, le pressentiment d'une vie...
- plus intense?
- "Plus" ne convient pas. "Autre" serait mieux. p.166

- En tout cas ce sont des mots dont l'origine garantit l'élégance, la grâce, la beauté... je m plais en leur compagnie, j'ai pour eux tous les égards qu'ils méritent, je velle à ce que rien ne les dépare. S'il me semble que quelque chose abîme leur aspect, je consulte aussitôt mon Larousse, il ne faut pas qu'une vilaine faute d'orthographe, un hideux bouton les enlaidisse. p.211


Opinion personnelle.

Mitigée. J'ai débord été enthousiasmée par le style, car j'y retrouvais ma propre tendance aux longues phrases, aux pauses imposées par les virgules. J'aimais l'innocence du regard de la petite Sarraute, bien incapable de juger sa mère, bien incapable aussi de comprendre pourquoi ceci et cela était mal, ou lui faisait du mal. Elle en garde une douloureuse sensation et ce n'est qu'une fois devenue adulte qu'elle peut espérer commence à comprendre, par l'itnermédiare de ces dialogues avec elle même, l'origine du malaise.
Il y a des passages qui m'ont touchée et émue, parce que Sarraute décrit ce que tous, un jour, nous avons pu ressentir. Quand enfant, un "malaise" s'insinuait en nous sans que nous sachions vraiment pourquoi, et ce déchirement, la sensation, la persuasion d'avoir fauté, mais sans comprendre entièrement, et cette ignorance qui fait encore plus mal que l'acte ou le mot en lui même.
Mais plus j'avançais dans ma lecture, plus je me trouvais partagée entre l'nevie d'arrêter la lecture et de continuer. Arrêter, parce qu'on sait pertinemment que l'on aboutira à une voie sans issue. LE livre se clotûrera sur la fin de son enfance, peu de changements sont attendus concernant sa famille disparate. Le regard de l'adulte se fait plus sentir sur la fin, mais reste en retrait, la primauté est accordée, toujours, aux sentiments éprouvés par l'enfant et j'avoue, cela m'a lassée. Continuer, parce que totu de même reste le plaisir de faire couler ces mots qu'elle manie si bien, de se laisser emporter dans son monde qui malgré tout subit des changements.

Opinion technique.

Sarraute possède un style d'écriture bien à elle. Particulier. Doux. Mélancolique et innocent, particulièrement dans ce livre où elle s'évoque son enfance. Les phrases sont généralement très longues, entrecoupées de virgules, reflets de réflexions oralisées. Le vocabulaire n'est pas compliqué, mais il est délicat, choisi pour s'approcher au mieux du souvenir, de la bribe de souvenir, même si quelques fois, comme le souligne son double, cela est impossible. Les sentiments restent flous.
Les chapitres sont courts, précis et vagues  à la fois, ressassant un épisode particulier qui l'a marquée ou dont elle se souvient avec précision. Elle passe quelques pages, jamais plus, à décrire quelques heures, une après-midi, une journée, puis le chapitre d'après peut aussi bien nous transporter des années plus tard. Il n'y a pas de "but", de "scénario", il s'agit juste de rendre vivants et d'immortaliser ces instants d'enfance qu'elle a capturé, tout en essayant de séparer ses impressions d'alors, et ses réflexions actuelles, une séparation aidée par la conversation avec son double.
C'est un livre qui permet de mieux connaître l'auteur. De nous renvoyer quelques fois à des situations que nous avons connues. Vécues.
Mais j'attends de lire d'autres oeuvres, de vrais romans, afin de savoir si oui ou non elle fera vraiment partie de ma top list, car il est toujours difficile de juger du travail d'une personne qui parle d'elle même.

Notation.
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Bloub et ses lectures
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